Grand raid de Camargue : une victoire collective

Récit de Martin

" Nous sommes 5 inscrits du club sur le 66 km avec un départ matinal à 7h15 où nous attend mon fidèle coéquipier d'entrainement Luc Filiol (chaque performance réalisée lui appartient toujours un peu). Certains coureurs ont pris la frontale. C'est vrai que la nuit est encore présente mais le temps de faire le premiers kilomètre en ville, les premières de l'aube sont déjà là. Avec elles, nous assistons à un spectacle grandiose : ciel rose orangé qui se reflète sur les marais salants avec quelques vols de flamands roses qui passent au-dessus de notre tête. Nous retrouvons vite ensemble avec Neil (nous avions prévu de faire une course commune le plus longtemps possible) et un trail de la réunion avec qui nous papotons et il nous raconte qu'il a fait la diagonale l'année précédente. Au bout, de 10km notre camarade ralentit (il finira 20eme) et nous faisons l'état des lieux : nous sommes en 7ème et 8ème position, nous n'apercevons plus les 2 premiers partis dès le départ devant, le vent est favorable et le terrain agréable, nous progressons à un peu plus de 12km/h sans trop puiser. Cela durera jusqu'au 25ème km, premier ravito et changement de direction pour reprendre le vent défavorablement. Au 26ème km, nous sommes surpris de vois la trace coupée par un ruisseau creusé dans le sable car le premier passage à gué nous avait été annoncé au km 30. Nous mettons les jambes dans l'eau fraiche jusqu'aux genoux, ce n'est pas si désagréable. S'en suit une longue plage vent de face où nous apercevons le 6ème et le 5ème au loin à un bon kilomètre : c'est costaud devant ! Nous décidons de prendre chacun notre tour des relais d'un kilomètre pour s'économiser un peu. Deux passages les pieds dans l'eau plus, nous sommes déjà au 36ème kilomètre et nous apercevons un coureur qui trottine péniblement, nous l'encourageons et profitons du paysage sauvage. 40ème nouveau passage exposé au vent et dégagé : surprise nous apercevons deux coureurs en difficulté que nous ne tarderons pas à rattraper. Après un marathon, nous voilà 4 et 5ème, les jambes lourdes mais qui courent bien, le moral ok alors nous commençons à croire au podium. Un ravitaillement de 3 minutes au 46ème car nous avons que les 9 kilomètres à venir en front de mer vont être les plus durs avec le vent qui s'est encore levé. Nouveau passage dans l'eau, et c'est parti pour une digue avec des galets et des rondins. Je me sens étonnamment bien après la petite pause donc je dis à Neil de rester caler derrière moi. Après 50 kilomètres seuls dans la nature, nous apercevons une file ininterrompue de coureurs qui arrivent de la gauche, je distingue deux maillots balanais : Yves qui vient de passer et Line qui arrive et à qui je fais des grands signes. Ca plaisir de voir les copains ! Le vent souffle considérablement sur la plage et je rejoins Yves. Je me retourne, Neil n'est plus dans ma trace. Je n'ai pas eu le temps de souhaiter une bonne course à coéquipier mais tant pis je ne peux pas rester là, il faut que je continue à remonter face au vent surtout que je me sens plutôt bien. Je vois d'autres maillots balanais au loin qui m’attirent. Je passe un coureur avec un bob gris bleu qui me semble était sur ma course mais impossible de voir son dossard et surprise une casquette multicolore qui était partie en tête dès le début se profile devant moi. Serais-je passé deuxième ? Nous sortons de ce vent constamment défavorable, il reste 11km et je me rends compte que j'ai des jambes de feu. Je dépasse les copains balanais avec un grand sourire et commence à me dire que peut-être qu'il y a le premier pas si loin à aller chercher. Le problème c'est que celui-ci n'a pas mis de couvre-chef et que je n'ai pas la moindre idée de ce à quoi il peut ressembler. Normalement, il devrait être accompagné d'un vélo. Ça y est l'endorphine est là, grand plaisir sur ces derniers kilomètres : j'en profite un max et tant pis si je ne vois pas poindre le moindre VTT ouvreur, je m'éclate à 13km/h après plus de 60km. Les derniers kilomètres avec le vent maintenant favorables sont là, je continue de voler. Entrée dans Salins de Giraud, sourire : ma petite fille et Audrey (c'est toujours grâce à la famille l'entrainement) sont là. Une petite accélération pour rentrer dans l'arène d'arrivée dans l'indifférence la plus totale hormis Sam qui vient de finir son 30km et avec qui je discute de ma deuxième place et du plaisir de la fin de course. Soudain, agitation du speaker et du directeur de course devant l'arrivée d'un VTT et d'un coureur. Voici le .... premier du grand raid de Camargue!! Heu, excusez-moi, je crois que ça fait 5 minutes que je suis arrivé. Surprise, me voilà gagnant de ma première course ! Je n’aurais jamais pensé gagner une course et pourtant... Neil arrive en quatrième position, c'est un peu grâce à lui, grâce à tous les balanais croisés sur le parcours : une victoire collective en somme pour une sortie club plus que réussie ! L'organisation se souviendra de nous chantant et dansant sur le car podium. "