- Martin performance et plaisir ou souffrance et contre-performance ? -

"J'avais jusqu'à trois semaines et demi de la course réalisé une prépa au top puis week-end festifs et fatigue qui s'accumule entrainent une fin de prépa chaotique.

Comme toujours, j'aborde cependant la course avec ambition et le sourire. Au départ sur la ligne tout est encore possible. Il fait beau, peu de vent et j'espère rentrer avant de souffrir de la chaleur.

C'est parti pour les deux premiers kilomètres en 4min07, il me faut relancer si je veux être dans l'allure de mon record (4min/kilo). 3ème kilo 4min04, j'ai compris : mon allure du jour sera aux alentours de 4min05 par kilo. C'est parti, pour la première partie de course avec comme d'hab, relâchement et hydratation comme mots d'ordre. 

Passage au semi en 1min26min, les sensations ne sont pas folles mais je sais d'expérience que ça ne veut rien dire. Petit à petit, je peine à trouver le plaisir habituel et les idées noires commencent vers le 29ème : "encore un kilomètre et je ralentis". Je me force cependant encore jusqu'au 32ème. 

Là encore, le mental, qui d'habitude m'emmène loin, n'est pas au rendez-vous : "Allez, je ralentis et si je finis à 12,5km/h je fais moins de 3h."

Deux kilomètres plus loin, c'est pire je me dis : "Au prochain ravito, je m'arrête pour marcher"

Mais, bon je ne suis pas à un marcheur alors je me fais violence pour continuer km après km et je m'aperçois à 5km de l'arrivée malgré une allure loin de ce qui était escompté que je ne me fais pas doubler et que je vais environ à la même vitesse que ceux de devant : bref, tout le monde est cuit et dans le même bateau.

Je pense à Audrey et à ma petite fille qui m'attendent pour m'encourager et qui risquent de s'inquiéter si je traine trop avec le bruit incessant des sirènes de pompiers (qui viennent au secours de concurrents déshydratés) depuis 15 minutes, je continue donc de courir. 

La petite famille est là, je tape dans la main mais je suis loin de l'euphorie habituelle de mes fins de course.

A l'arrivée, malgré l'impression de grosse bielle, le temps n'est pas si cata. Je suis quand même content d'avoir su me remobiliser, j'attends les copains qui arrivent, un par un, ayant tous vécus la même fin de course difficile mais tout le monde est à bon port.

Comme dirait le sage JJ, je garde la sensation d'avoir couru un 32 km et fait 10 autres km pour rallier l'arrivée. Bref, je vais certainement vite retenter l'aventure en essayant de faire une course homogène avec du plaisir".